New-York Académie des Arts 1901 – Cette image est tout à fait intentionnelle, elle est même dédicacée, ce qui permet d’appendre qu’il s’agit d’une photo prise lors du cours de dessin d’après nature à l’intention des élèves féminines
Deux mots sur le cadrage, et le type d’appareil photo : le croquis sur chevalet, à droite de l’avant-plan correspond à l’angle de vue de la photo. On peut penser que l’élève et le photographe sont une seule personne, ou bien que le photographe a pris la place de l’élève, le temps de la prise. Il s’agit d’un instantané, fait un appareil à plaques en verre léger.
Vous ne rêvez pas, il s’agit bien d’une séance de modèle vivant pour dames !
Petit indice, qui permet de dire qu’on est hors du cadre habituel du cours de dessin ? Déjà, le modèle : un homme plutôt qu’une femme. Et puis le modèle, digne d’un empereur romain, n’est vêtu que d’un slip moulant. Il est de plus affublé d’un pinceau et d’une palette qu’il tient théâtralement.
Le lien avec l’académie va sans dire. Il paraît donc logique, mais tout aussi cocasse de penser qu’il prend plutôt la pose, de l’artiste inspiré. En tout cas, l’ironie de cette image, devient d’autant plus perceptible quand on s’attarde sur les détails. Où sont les élèves ? Elles sont cachées, mais en regardant dans le fond, à droite, on aperçoit une dame assise, discrète. Vous ne rêvez pas, il s’agit bien d’une séance de modèle vivant pour dames !
On comprend mieux pourquoi le modèle est un homme, paré de la sorte. La revanche des dames ? Pour une fois, ce ne sera pas une belle femme ronde qui sera dessinée ! Cette image, en plus d’être comique, porte une valeur historique importante. En effet, elle témoigne d’un moment où les femmes ont gagné leur place à l’académie des beaux-arts, en tout cas aux États-Unis. En avance sur l’Europe, puisqu’en 1811, l’académie des beaux-arts de Pennsylvanie est la première à admettre des étudiantes. En France, la lutte pour la place des femmes à l’académie débute en 1880 et, en 1900, le droit à un atelier leur est accordé.